Cher tous, me revoilà!
Non pas pour parler tricot cette fois-ci, mais lecture!
Alors voici sous vos yeux ébahis, ma toute première critique de livre! Je ne sais pas comment un tel écrit se construit, alors j'ai fait un peu au feeling... J'espère que ça vous plaîra!
« Une place à prendre » -
J.K.Rowling
« Quand les lumières bleues étalèrent enfin leur nappe stroboscopique sur la scène, Barry était allongé par terre, immobile et inconscient, baignant dans son propre vomi ; accroupie à ses côtés, ses bas troués aux genoux, Mary lui tenait la main et murmurait son prénom en sanglotant. » Dès le premier chapitre, le ton est donné. Johanne Rowling nous entraîne dans les méandres insoupçonnés d’une guerre silencieuse entre la bourgade de Pagford et celle de Yarvil. D’apparence calme et idyllique, Pagford nous fait rapidement découvrir ses habitants, tous aussi hypocrites les uns que les autres. Tout le monde se sourit dans la rue, mais tout le monde se déteste et le seul intérêt qu’ils se trouvent les uns pour les autres sont les commérages divers et variés. Plus ils sont stupides et compromettants, plus les « pagfordois » sont exaltés. Ils se réjouissent continuellement du malheur de leurs voisins. Autant dire que cette ambiance cynique ne vous ferait finalement pas acheter un bien immobilier dans le petit village !
Mon avis sur la
question ? Eh bien premièrement, j’ai eu beaucoup de mal avec ces
personnages faux et méchants. Seuls les passages avec Krystal me donnaient
envie de continuer le livre. J’ai quelques difficultés à accrocher à une
histoire quand je n’aime aucun des protagonistes. Et pourtant, Dieu sait s’il y
en a beaucoup dans « Une place à prendre » ! Je ne prenais que
peu de plaisir à me replonger dans ce monde si loin de mes principes et de ce
que j’aime dans la vie en général. Mais parfois, je dois bien avouer que
certaines hypocrisies donnent lieu à des situations cocasses. En voici un
exemple : « Howard partit d’un
formidable éclat de rire, et Samantha était à peu près certaine qu’il l’aurait
gratifiée d’une claque sur les fesses s’il n’avait pas eu les mains prises par
sa bouteille et son tire-bouchon. Elle tolérait sans trop rien dire ces petites
tapes et autres pincements de derrière […] et puis ça agaçait beaucoup Shirley,
ce qui faisait toujours plaisir à Samantha. Shirley n’exprimait jamais sa
contrariété de manière ouverte ; pas une seconde elle n’autorisait son
sourire ou sa voix douce et raisonnable à chanceler, mais chaque fois que
Howard se laissait aller à l’un de ces hommages libidineux, elle décochait
immanquablement, à sa belle-fille, dans les minutes qui suivaient, une flèche
empoisonnée, camouflée sous l’empennage de la plus irréprochable bienveillance.
Elle […] s’inquiétait avec sollicitude des progrès du régime de Samantha […].
Samantha subissait toujours ces remarques en souriant – et les faisait payer à
Miles plus tard. »
Deuxièmement, je
dois bien avouer que la mise en place de la trame est longue, longue,
longue ! J’ai commencé à m’intéresser au livre aux alentours du début de
la troisième partie (p357 sur 680 !). D’accord, la mort de Barry
Fairbrother dès les premières pages nous plonge rapidement dans l’action, mais
après cet événement déclencheur, rien ne se passe réellement avant longtemps.
Ou les différentes péripéties sont espacées de cinquantaines voire de centaines
de pages et les descriptions, les scènes que j’appellerai « de mise en
place » prennent une place (justement) inouïe. Durant presque tout le
livre, je ne parvenais pas à voir où Johanne voulait nous emmener. J’ai également
éprouvé quelques difficultés à mémoriser et différencier les nombreux
personnages qu’elle nous présente presque d’un bloc dès le début, mais cela
n’est que mon avis.
Troisièmement,
mais ce point ne devrait pas être nécessairement précisé, j’ai repéré pas mal
de fautes de français (et de frappes)… la faute « au »
traducteur ?
Aller, je ne
vais tout de même pas vous laisser sur des avis UNIQUEMENT négatifs ! Je
ne suis pas si sadique ! Voici un point sur lequel Johanne a bien
joué : l’ambiance. En utilisant des métaphores glauques, des termes crus,
et en créant des situations plus ou moins difficiles à lire, l’auteur nous
plonge encore plus dans les méandres d’un petit monde fermé et étouffant.
Ainsi, lorsqu’elle évoque le tombeau d’une famille prestigieuse de Pagford,
elle le compare à des « empreintes
et déjections fossilisées de quelque espèce préhistorique depuis longtemps
disparue. » Et quand, enfin, un personnages souhaite mettre fin à
toute cette hypocrisie qui l’entoure, Johanne écrit encore une fois « […] il voulait briser les tabous et
presser leur cœur sanguinolent pour en tirer le nectar de la sagesse. »
Alors même si cette ambiance glauque n’était pas à mon goût (c’est un avis très
personnel), je dois bien reconnaître son talent de maître dans le maniement des
mots pour saisir son lecteur d’une main ferme et l’emmener de force et avec
résolution dans cet univers dérangeant.
Et pour finir,
je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ses précédents écrits lorsqu’elle décrit
ainsi ce qu’une adolescente pense de son éventuel suicide : « Elle aimait imaginer qu’elle se
noyait, qu’elle sombrait dans les profondeurs d’une onde verte et fraîche, et
qu’elle se laissait écraser par la pression de l’eau pour s’avancer peu à peu à
la rencontre du néant… » Cette onde verte en rapport avec la mort ne
vous fait-elle pas penser à quelque chose ?
Voilà, c’est à
peu près tout ce que je peux vous dire sur ce livre sans en dévoiler le
contenu. En résumé de cet avis (encore une fois très personnel), je pense que
je ne le conseillerais pas à lire à mes amis. Trop long, surtout trop lent et
particulièrement détestable. Si ça n’avait pas été du J.K. Rowling, je pense
que j’aurais été beaucoup plus incisive. Johanne a peut-être voulu prouver
qu’elle pouvait écrire le parfait opposé de sa série de livres pour enfant,
mais je pense qu’elle a voulu trop développer chaque détail et qu’en condensant
le tout et en rapprochant les péripéties (ce qui les aurait certainement
rendues haletantes), on n’aurait pas dépassé les 300-400 pages. Enfin, je dis
tout ça, mais… je n’ai jamais écrit de bouquin, non plus ! Ce n’est que
mon avis de lectrice ! J’ai moi-même mes propres goûts en matière de genre,
en matière de « plume », etc. Le meilleur moyen de vous faire votre
propre avis, c’est encore de le lire ! Et bravo quand même à Johanne pour
la création de ce petit monde aux relations et à l’histoire complexes et
élaborées.
Wahou ! Belle et longue critique ! Je vois qu'on a le même avis sur le livre, trop de personnages, trop long mais bien écrit malgré tout ^^
RépondreSupprimerMerci de ta participation à la lecture commune.
Merci beaucoup KnitSpirit! Oui on est une majorité apparemment à le trouver trop long malgré la plume. Dommage! Mais je suis contente malgré tout de l'avoir lu. Merci pour ton commentaire!
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